Alors que les premières prévisions concernant l’économie mondiale pour 2020 étaient optimistes, tout a basculé avec la pandémie du Covid-19. De ce fait, et comme partout dans le monde, l’Afrique de l’Ouest est contrainte de baisser ses attentes en termes de croissance et l’économie du Togo n’y fait pas exception. Selon une publication récente de Bloomfield Investment, la croissance dans les États de l’UEMOA pourrait diminuer de 50%.
L’impact du Covid-19 sur l’économie de l’UEMOA
Selon l’étude citée plus haut, les pays de l’UEMOA devraient être touchés principalement dans quatre grands secteurs : le commerce international, les transferts de la diaspora, l’économie locale et les finances publiques. Cela s’explique par le fait que la plupart des pays de la zone exportent principalement des matières premières et leurs principaux acheteurs sont l’Europe (44,1%), l’Afrique (21,6%), l’Asie (20,5%) et l’Amérique (7,9%). Mais, l’étude de Bloomfield prédit que la baisse de la demande se fera sentir des deux côtés.
Le Togo de Faure Gnassingbé avait obtenu de bons résultats économiques et prévoyait, par exemple, début 2020 un taux de croissance d’environ 5,3%. Mais, compte tenu du contexte actuel, la prévision est aujourd’hui estimée entre 2,1% et 2,5% et cela interrompt une tendance positive que le pays connait depuis 2017. Le ministre togolais des Finances, Sani Yaya, a récemment confirmé cette tendance en déclarant que l’activité économique a globalement ralenti et le taux de croissance économique sera sûrement impacté et pourrait être réduit de moitié.
Baisse des transferts d’argent de la diaspora
Selon Bloomfield, « les envois de fonds vers la zone UEMOA devraient baisser ». Compte tenu de leur importance, cela pourrait indirectement augmenter l’impact du Covid-19 sur les pays de la zone. En 2018, à titre d’exemple, les transferts de la diaspora représentaient respectivement 7,7%, 10% et 5,5% des PIB du Togo, du Sénégal et du Mali.
Entre 2007-2017, le Togo a reçu 9,4% des transferts de fonds en provenance de l’Union européenne (qui vit actuellement les débuts d’une récession), devançant la Côte d’Ivoire (6,6%), mais loin derrière le Mali (19,7%) et le Sénégal (47,6%).
Baisse des recettes publiques
Avec le ralentissement de l’économie, une baisse des recettes fiscales et douanières sera constatée sans aucun doute tandis que le fardeau de la dette se fera plus que jamais ressentir.
Dans ce contexte morose, le Togo est l’un des pays les plus exposés à la pression budgétaire puisque, selon les estimations du FMI, 65% du budget public, hors dons, est utilisé pour payer la dette. Outre le Togo, les deux autres États de l’UEMOA les plus affectés sont le Burkina Faso (42,9%) et le Bénin (46,2%).
Rappelons que c’est dans cette optique que la Banque mondiale et le FMI ont récemment demandé aux principaux créanciers de suspendre le paiement de la dette des pays les plus vulnérables.
Exportation du coton : le Togo un peu moins impacté
En 2018, le coton représentait 10% des exportations du Togo, ce qui en fait le deuxième produit d’exportation du pays. Par rapport au Bénin, il devrait donc être moins impacté par la forte baisse des prix de la récolte. En 2018, les exportations de coton représentaient 56,9% des exportations globales du Bénin, ce qui rend le pays vulnérable à une baisse éminente des prix. Pour rappel, le Togo s’était fixé pour objectif de produire 200 000 t de coton d’ici 2022, un chiffre qui pourrait être revu à la baisse dans le contexte actuel.