La création artistique doit se libérer davantage selon Christopher Miles

liberté de créer

En février 2023 une vidéo anonyme intitulée « L’exploitation de l’art » a été diffusée sur les principales plateformes de médias sociaux. Dans cette vidéo, on pouvait constater une ressemblance avec les créations de Yoann Bourgeois et d’autres artistes du cirque. Bien évidemment, cette vidéo a suscité un débat important sur la liberté de la création. Une liberté de création qui selon Christopher Miles, directeur générale de la création artistique doit s’accentuer davantage ! Voici un débriefe de la situation.

Christopher Miles : il faut insister sur la liberté de créer

La défense du principe énoncé dans l’article 1 de la loi du 7 juillet 2016 sur la liberté de création, d’architecture et de patrimoine est une priorité pour le ministère de la Culture, quelles que soient les circonstances. C’est pourquoi aucun mécanisme de censure n’est en place. Aucun contrôle préalable de l’administration du ministère de la Culture ne peut être exercé sur les modalités et le contexte de création d’une œuvre.

L’artiste donne forme à des idées, s’inspire de ses prédécesseurs, combine, réinterprète, parodie, voire copie pour grandir. Le chorégraphe puise dans le répertoire des mouvements propres à la danse pour créer de nouvelles combinaisons, le musicien combine des accords et des harmonies. Picasso s’inspire de ses maîtres avant de s’en affranchir rapidement. Il n’y a pas de Picasso sans Goya, sans Manet, auxquels il revient à la fin de sa vie pour les réinterpréter… L’artiste est libre de créer, mais il ne peut plagier ou copier de manière trop littérale, au risque de devenir un faussaire ou de porter atteinte aux intérêts d’un autre créateur.

Depuis cette vidéo questionnable (ou au moins le procédé : anonyme, sans argumentation réelle), certains remettent en question l’exercice de la liberté de création par Yoann Bourgeois, sans laisser beaucoup de place aux échanges et au débat contradictoire. C’est pour cela que Christopher Miles insiste vraiment sur l’importance de la liberté de créer.

Bien sûr, comme toute liberté, la liberté de création est encadrée. Elle est notamment limitée par les préjudices qu’elle pourrait causer à la liberté ou aux intérêts d’un tiers. La création est libre, mais l’artiste peut être tenu responsable des conséquences de ses actes. Les questionnements concernant l’exercice de la liberté de création peuvent alors être abordés dans le cadre d’une procédure judiciaire.

Nous reconnaissons les inconvénients que peut parfois entraîner une telle liberté étendue et garantie, mais nous mesurons également les dangers beaucoup plus nombreux et contraires à notre histoire qui résulteraient d’une limitation excessive de cette liberté.

Affaire Yoann Bourgeois : seule la justice peut trancher

Toute action de l’administration à l’encontre de Yoann Bourgeois, basée sur des affirmations sans fondement ou des campagnes médiatiques plutôt que sur des faits établis légalement, pourrait être considérée comme arbitraire.

C’est en accord avec ce principe que le ministère de la Culture a soutenu le nouveau projet proposé par Yoann Bourgeois lors du conseil d’administration du 29 mars. Ils ont assumé qu’un artiste contemporain de cirque puisse désormais diriger seul un centre chorégraphique national, suite au départ de Rachid Ouramdane pour diriger le Théâtre National de Chaillot. Cela s’explique par le fait que son cirque est également une forme de danse poétique qui lui est propre.

Au-delà de rappeler ces principes fondamentaux, les questions soulevées ces dernières semaines méritent une meilleure approche que les invectives auxquelles nous assistons actuellement. Une médiation a été engagée, et je souhaite qu’elle aboutisse, dans le respect mutuel des parties impliquées, avant d’éventuellement recourir à un jugement. Un débat est en cours concernant les écritures du Cirque et leur originalité : j’espère qu’il se poursuivra dans un climat de sérénité.

La liberté de création est précieuse et fragile. Il est de notre devoir de la préserver. Pour ma part, je crois que le dialogue, les échanges et les débats entre artistes, producteurs et diffuseurs permettent à chacun de trouver sa place légitime et de voir son travail artistique reconnu.

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