À Lormont, l’association Anticor aurait-elle tout faux ?

Construction

Anticor, une organisation engagée dans la lutte contre la corruption, affirme que le groupe immobilier Pichet s’est procuré un terrain à un prix inférieur à sa valeur réelle dans la commune de la banlieue nord de Bordeaux, en Gironde. Tandis que le promoteur et la municipalité réfutent fermement ces allégations.

Le projet immobilier « Connexion » à Lormont sous le feu des accusations d’Anticor

Depuis près de vingt ans, le projet immobilier connu sous le nom de « Cascades de Garonne » et récemment rebaptisé « Connexion », peine à voir le jour dans la région nord de Bordeaux. La situation a conduit le maire de Lormont, Jean Touzeau, à dénoncer une persistance inquiétante. En effet, l’association anticorruption Anticor a mis en cause le chantier de Lormont, émettant des suspicions quant à l’acquisition d’un terrain par le groupe immobilier Pichet auprès de Clairsienne et de la société d’économie mixte Mont des Lauriers, dont la ville de Lormont est l’actionnaire majoritaire.

Anticor affirme que cette transaction aurait été effectuée à un prix bien inférieur à sa valeur réelle, suggérant un écart financier de plusieurs millions d’euros. Toutefois, ces accusations ont été vigoureusement rejetées par Jean Touzeau. Le maire explique qu’il est essentiel de ne pas confondre l’acquisition d’un terrain vierge avec celle d’un terrain déjà aménagé. En effet, le terrain prévu pour le projet Connexion est une ancienne carrière industrielle nécessitant d’importants travaux de réhabilitation pour devenir un véritable pôle d’attraction aux portes de Bordeaux, comprenant notamment un complexe hôtelier et un centre balnéo-ludique.

De son côté, Régis Bouyer, directeur général grand ouest du groupe Pichet, souligne que l’opération en cours relève d’un projet d’aménagement, tandis que les références mentionnées par Anticor concernent davantage des opérations de promotion immobilière. Il rappelle que le site des Cascades est un terrain brut, pollué et non raccordé aux réseaux, nécessitant de nombreux aménagements, y compris des dispositifs antibruit. Ainsi, il insiste sur l’incomparabilité entre ce type de projet et une opération réalisée par un promoteur sur un terrain déjà aménagé. De son côté, le maire de Lormont maintient qu’il n’y a eu aucun cadeau envers le groupe Pichet, puisque celui-ci assumera la réalisation et la gestion du projet, et donc toutes les contraintes qui en découlent.

Ce genre de recours est fréquent pour les promoteurs mais le bruit médiatique qui en découle est relativement dangereux pour la réputation de groupes comme Spirit Immobilier, Bouygues Immobilier, Kaufmann & Broad, Pichet et consorts. Et il convient de comprendre que dans les grosses agglomérations le foncier disponible est quasiment inexistant. Les promoteurs n’ont d’autre choix que de trouver du foncier demandant parfois des contreparties (dépollution, relogement, arborisation imposée sur le permis, etc…).

Une polémique aberrante

Une nouvelle accusation émanant d’Anticor suscite des doutes quant à la validité de leurs allégations, mettant en avant les arguments de la ville de Lormont et du groupe Pichet. Selon Anticor, l’accusation porte sur le fait que Pichet ait repris tardivement le projet Cascade de Garonne, qui avait initialement été attribué au groupe Adim, une filiale de Vinci Construction. Jean Touzeau souligne cependant que si Adim s’est retiré, c’est parce que l’opérateur acceptait uniquement de réaliser le projet, sans en assurer la gestion ultérieure. C’est pourquoi Pichet a pris le relais. « Nous avons suivi les traces de la société Adim, en mettant à jour les études environnementales et en obtenant toutes les autorisations de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL) », précise Régis Bouyer.

Anticor formule également une troisième critique concernant l’évolution du contenu du chantier depuis le changement de porteur du projet, suggérant ainsi la nécessité de nouvelles études d’impact. « Il ne s’agit plus du même projet, nous passons de 300 appartements à plus de 1000, incluant un hôtel de luxe. Nous ne sommes donc plus du tout sur le même concept », explique Olivier Halard, responsable départemental d’Anticor Gironde. Une accusation également réfutée par Pichet. Régis Bouyer précise que le projet comprend en réalité « 550 logements familiaux », comprenant des logements sociaux, des logements intermédiaires, ainsi que des logements étudiants, pour seniors et touristiques, avec la création d’un hôtel quatre étoiles.

Pour Jean Touzeau, cette « polémique » créée par Anticor est « complètement aberrante » et condamnée à être un échec. Tant la mairie de Lormont que le groupe Pichet envisagent de déposer plainte. De son côté, Anticor prévoit de saisir la justice. Malgré ces controverses, les travaux se poursuivent et une partie du quartier Connexion devrait voir le jour d’ici la fin de l’année 2024.

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